DuoDay, une initiative qui s’inscrit dans la durée
Initiative nationale depuis plusieurs années, le concept Duoday est simple : le temps d’une journée une entreprise, une collectivité ou une association accueille une personne en situation de handicap, en duo avec un professionnel volontaire. Découverte du métier, participation active, immersion en entreprise sont au programme de cette journée.
Quelques chiffres nationaux de l’édition Duoday 2022 :
11 506
employeurs
inscrits sur la plateforme duoday.fr (+26% par rapport à 2021)
39 219
offres de duos
proposées par ces employeurs (+30%)
34 189
personnes
en situation de handicap inscrites (+13%)
20 746
duos
enregistrés sur la plateforme duoday.fr (+22%)
3 787
structures
accompagnantes impliquées (+15%)
DuoDay à l’Usine 6 de Hager Group à Bischwiller
Le 23 novembre 2023, ce sont 15 travailleurs ESAT des différents Ateliers du Sonnenhof qui ont été accueillis dans 8 entreprises alsaciennes, dont notre voisin l’Usine 6 de Hager Group à Bischwiller.
Une journée d’immersion en milieu ordinaire, une réelle opportunité pour les professionnels en situation de handicap des Ateliers, de découvrir un nouveau métier. Il s’agit parfois de préciser un parcours professionnel, qui pourra se concrétiser par la suite par un stage de plusieurs semaines puis par une mise à disposition.
Une très belle expérience qui vise à lutter contre les préjugés sur le handicap au travail, briser les barrières pour laisser place à une vision plus humaine et plus tolérante du monde du travail ordinaire. Pour l’entreprise d’accueil, c’est l’opportunité de mesurer l’impact positif d’une culture inclusive.
1 jour = 1 duo = 1 rencontre pour un partage d’expériences
Le DuoDay, c’est le point d’impact de deux mondes qui se rencontrent trop rarement ?
C’est aussi la formation d’un binôme, pour une journée exceptionnelle, au cours de laquelle les préjugés tombent, les esprits s’ouvrent, le regard sur le handicap change et permet de recréer le lien entre les personnes.
Le DuoDay est un vrai défi pour le professionnel en situation de handicap : celui de se prouver qu’il est capable, de confirmer un choix dans son parcours professionnel, d’expérimenter, de prendre confiance en lui et de s’épanouir.
De l’observation à la participation active aux tâches quotidiennes de leur duo, les professionnels en situation de handicap découvrent le travail dans le monde ordinaire. Ils acquièrent parfois de nouvelles compétences, font de belles rencontres. Leur binôme, quant à eux, acquièrent une compréhension plus profonde des défis quotidiens auxquels sont confrontées les personnes en situation de handicap, tout en réalisant que l’inclusion ne se limite pas à des adaptations matérielles, mais s’étend à une véritable compréhension et acceptation.
Johnny Mayer, professionnel aux Jardins du Sonnenhof
Quand on m’a proposé de faire un DuoDay, j’ai sauté sur l’occasion parce que c’était un rêve de pouvoir travailler dans une boutique comme ça !
Des échanges enrichissants, des rires partagés, une source d’inspiration et de motivation, les moments de doute vite dissipés, voilà le résumé de cette très belle journée pour les travailleurs handicapés et les équipes des entreprises qui les ont accueillies. En fin de journée, la séparation a été un peu dure pour certains qui auraient voulu prolonger l’expérience. Mais les liens tissés pendant cette journée resteront gravés et certains donneront même lieu à une suite pour le plus grand bonheur des deux parties !
Cette expérience n’était pas simplement un exercice d’empathie, mais un pas de plus vers une société où chacun, quel que soit son parcours, ses capacités, peut s’épanouir pleinement. Une journée qui démontre que la diversité, loin d’être un frein, est une force qui propulse le monde du travail vers des horizons plus riches et plus égalitaires.
Jean Christophe Cognacq, Directeur de l’Usine 6 Hager Bischwiller
Je tenais à vous remercier pour votre engagement pour cette belle journée de partage que nous avons eue. Que de mieux que de beaux sourires, de beaux échanges ? Au plaisir de renouveler cette opération même en dehors du cadre officiel de DuoDay et de poursuivre notre partenariat.
DuoDay au Crédit Agricole Alsace Vosges
Regards croisés Duoday : Céline de l’atelier Couture et Melvyn Friedman de Puma Roppenheim
Est-ce que chacun à votre tour, vous pourriez vous présenter en quelques mots ?
Melvyn Friedman : J’ai 28 ans et je suis superviseur de la boutique Puma à Roppenheim. Ça fait 6 ans que je travaille ici et 4 ans que je suis responsable. J’ai un parcours un peu atypique. Je n’ai pas du tout fait d’études dans le commerce. Je viens du monde de l’industrie. J’étais technicien en laboratoire avant de commencer à travailler ici en tant qu’interim. Puis je suis passé vendeur et ensuite superviseur.
Céline Bûhr : Je travaille à l’Atelier Couture du Sonnenhof depuis 2015.
Pourquoi avez-vous décidé de participer au DuoDay ?
Melvyn : Alors à la base, on a reçu une proposition de participer au DuoDay de ma responsable RH. La partie RH est située au siège social de la marque à Strasbourg. On m’a demandé si je voulais bien être référent DuoDay d’une personne en situation de handicap pour cette journée et j’ai accepté de suite. Ce n’est pas quelque chose qui me dérange. C’est plutôt agréable. C’est l’intégration d’une personne comme une autre. Céline a fait son intégration, elle a appris les bases de comment ça se passe chez nous. Elle sait pas mal de choses déjà et pour le coup je pense que ça c’est plutôt bien passé. Moi je suis en tout cas satisfait de mon côté.
Céline : Déjà de voir si j’ai pas perdu la main avec le côté vente comme j’ai un diplôme et voir d’autres choses, m’intégrer à d’autres personnes et voir si plus tard je veux en faire mon métier.
Qu’est-ce que cette expérience a de particulier pour vous ? Qu’est-ce que ça vous apporte dans votre quotidien ?
Melvyn : Pour le coup moi c’est la première fois. Donc c’est une totale découverte on va dire. La seule information que j’avais sur Céline avant le début du DuoDay, c’est son âge. Et je me suis rendu compte qu’on était de la même année en fait. On est tous les deux de 95 et j’étais sûr que ça allait être une bonne expérience. Et c’est cool d’avoir une personne de la même catégorie d’âge et l’aider à découvrir les différentes facettes du métier.
Céline, qu’est-ce qui te plaît depuis le début de la journée ? Est-ce qu’il y a une activité que tu as beaucoup apprécié ?
Céline : Ça va être dur de choisir. J’ai tout aimé. J’ai fait des chaussures. J’ai enlevé les papiers…
Melvyn : C’est le traitement produits chez nous. Il faut savoir que chez Puma, les produits arrivent conditionnés dans des sachets, comme des produits neufs. Nous le principe, c’est que, non seulement on doit les intégrer en stock, ça c’est ce que je t’ai montré ce matin : ouvrir les cartons, les contrôler et pouvoir les intégrer dans le stock physique en vérifiant que les quantités sont les bonnes, puis ensuite procéder au traitement des articles (étiquetage, antivol et mise en place dans les rayons). C’est ce qu’on a fait majoritairement depuis tout à l’heure.
Céline : Des clients sont venus me poser des questions. J’ai essayé mais après il y avait des allemands et je n’ai pas pu leur répondre. J’ai lancé des regards de SOS (rires).
Melvyn : Pour le coup on est une zone frontalière, donc on a pas mal d’allemands qui viennent. On a énormément de gens de passage qui forcément ne s’expriment pas en français. Après dans l’ensemble ça a été, même si elle m’a dit qu’elle a cette crainte des clients. Il faut qu’elle prenne un peu plus confiance en elle et ce sont des choses qui s’apprennent, qui viennent avec le temps et qui se perfectionnent. Ce n’est pas parce que maintenant tout de suite on est impressionné par les gens que ça va forcément rester. Comme dit au départ, je n’étais pas du milieu de la vente et je n’étais pas du genre à parler beaucoup et au final je m’y suis habitué.
Céline : Avec les expériences que j’ai eues dans les magasins, pendant les stages, je n’arrivais pas à suivre et je ne comprenais pas les consignes qu’ils me disaient. Ils parlaient trop vite. Et là les consignes sont claires et je comprends mieux. L’ambiance du magasin est agréable et je m’y sens bien.
Melvyn : Il faut dire qu’on travaille un peu quand même on ne fait pas que rigoler (rires). L’ambiance est sympa, on est une équipe assez hétérogène, avec des jeunes et des moins jeunes avec des horizons différents. On va donc fonctionner tous différemment et on va essayer de tirer le navire dans le même sens et c’est ça qui va aider à la cohésion de l’équipe. Je ne suis pas le plus ancien, ni le plus jeune non plus et je m’entends bien avec tout le monde, malgré le fait que je sois le responsable. On a quand même une bonne équipe, agréable et Céline a été bien accueillie par les autres. Au total on est une équipe de 14.
Céline : J’ai pu un peu discuter avec certains collègues.
Quel a été votre rôle aujourd’hui ?
Melvyn : J’ai accueilli Céline de la même manière que j’aurais accueilli quelqu’un qui fait son premier jour. Ce sont des choses qui me sont de plus en plus habituelles parce que du fait de mon poste de superviseur je suis souvent amené à intégrer les nouveaux, leur expliquer le concept de base d’un magasin outlet, leur expliquer les bases du métier et comment fonctionne le magasin. Il ne va pas fonctionner de la même manière qu’un magasin Puma en ville. Il y a plein de choses, comme je l’ai expliqué à Céline, qui sont différentes par rapport à une autre boutique classique. Ici on est dans un magasin outlet, donc on n’a pas les mêmes attentes, on va pas avoir la même clientèle. Il y a beaucoup de choses qui sont mises en place pour un magasin outlet tout en restant bien sûr organisé. On a des techniques de vente différentes que pour un magasin classique. Dans un magasin classique, l’accueil du client et l’accompagnement va être primordial. Chez nous il va plutôt passer dans un second temps. Il reste important, le client reste la priorité n° 1, mais notre travail va être le maintien et le remplissage des rayons, la mise en place et on a aussi cette notion de vendeur polyvalent. Un vendeur va être amené à travailler aussi bien en caisse qu’en rayon ou dans le stock. Tout le monde touche à tout, c’est ça aussi qu’on recherche.
Céline, qu’est-ce que cette journée va t’apporter, autant personnellement que professionnellement ?
Céline : Comme je vois que j’étais encore stressée avec les gens, ça va m’aider à travailler sur la confiance surtout envers moi pour aller vers les clients.
Melvyn : Céline m’a dit qu’elle travaillait plus sur la partie fabrication, ce qui est intéressant aussi pour le coup. C’était une chance pour elle aussi qu’on soit sur une période un peu plus calme, parce que sur des périodes chargées, on peut avoir jusqu’à 12 000 clients / jour. Le meilleur service qu’on peut apporter aux clients c’est de ne pas les servir. Les gens, dans un outlet, qui rentrent et qui trouvent de suite leurs tailles parce que le magasin est bien agencé, bien rangé et en place, sont des clients satisfaits. Pour nous, c’est le travail déjà en amont qui a fait qu’on n’a pas besoin de faire un travail supplémentaire. C’est plus comme ça qu’un magasin outlet va fonctionner par rapport à une boutique classique.
Est-ce que cette expérience a changé votre regard sur le monde du handicap ?
Melvyn : Alors pour le coup, peut-être un peu oui. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, parce que je ne connaissais pas le handicap de Céline, et ça m’a touché qu’on ait le même âge. Je n’ai pas pris une claque parce que Céline n’a pas un handicap qui se voit forcément. Mon regard a un peu changé. On devrait faire plus attention à ces personnes surtout celles qui ont un handicap qui ne se voit pas et parfois on peut avoir des comportements sans se rendre compte qu’on va blesser ou mettre ces personnes dans une situation d’angoisse et de stress.
Merci à toutes les entreprises qui ont participé à ce DuoDay 2023 et accueilli nos résidents !
Merci aux binômes d’avoir accompagné pendant cette journée les travailleurs en situation de handicap des Ateliers du Sonnenhof !
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