La Mise à Disposition (MAD), un engagement sociétal pour l’entreprise, une opportunité d’inclusion pour la personne en situation de Handicap au travail.
Rencontre avec
Olivier VOGT, gérant de la Ferme Vogt à Bischwiller et Michel KANA, ouvrier agricole en Mise à Disposition.
Racontez-nous comment s’est construit ce projet ?
Michel KANA : En fait ça part de moi-même, j’avais demandé à Olivier s’il prenait des stagiaires. Olivier m’a répondu que si la Fondation était d’accord, il serait partant ! Tout est parti de là.
Olivier VOGT, gérant de la Ferme Vogt : J’étais content qu’il prenne l’initiative de venir faire un stage chez nous, connaissant Michel depuis plusieurs années. Et de ce stage qui s’est très bien passé, après des échanges avec la Fondation, nous en sommes arrivés à la Mise à Disposition pour poursuivre l’aventure.
Comment vous sentez-vous depuis le début de cette mise à disposition ?
Michel KANA : Franchement, il n’y a rien à dire, je suis toujours au taquet ! Olivier le sait, je vais tout faire pour que cela marche, pour plus tard aussi.
Olivier VOGT : Pareil, Michel est travailleur. Il fait attention à ce qu’il fait, respecte les consignes
Michel KANA : Et en plus je ne râle jamais ! (Rire).
Parlez-nous un peu de votre travail, (relance : comment se passe une journée au travail) ?
Michel KANA: On a les champs, comme aujourd’hui, c’est boueux mais ça ne me dérange pas, si j’ai choisi ce métier ce n’est pas pour rien. Déjà au Sonnenhof, je savais comment était le métier.
Olivier VOGT : Cela se passe très bien au quotidien, on rigole on s’entend bien. Michel s’est très bien intégré à l’équipe déjà en place chez moi. Il y a une bonne ambiance. Tous les jours il y a autre chose : en ce moment (05/11/2021) ce sont les récoltes pour l’hiver donc les choux verts, blancs, rouges, céleris, les carottes vont bientôt venir. Nous avons aussi beaucoup de préparation de commandes en cette période. Il y a un mois, nous avons fait un peu de plantation. C’est diversifié dans une journée, on ne fait pas pendant 7h la même chose, on fait plein de choses, une fois à l’intérieur, une fois à l’extérieur.
Michel KANA: Vendredi nous avons fait tous les paniers. À 16h21 nous avions déjà tout fini. On a fait une course et devinez qui a gagné ?! (rires). C’est cette bonne ambiance qui me fait aussi lever le matin.
Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?
Michel KANA : Plein de choses. Déjà le comportement, le caractère n’est plus le même qu’avant. D’habitude j’explose au quart de tour, mais depuis un certain temps, j’ai remarqué que je ne suis plus le même. C’est l’ensemble du travail qui me calme, on ne reste jamais sur place, j’ai besoin de bouger et je sais exactement quoi faire. Olivier le sait.
Comment vous êtes-vous intégrés au sein de l’équipe ?
Olivier VOGT : En fait ils (l’équipe en place à la ferme Vogt NDLR) l’ont pris sous leur aile, comme si c’était leur fils, moi je ne suis presque pas intervenu. J’ai une équipe très féminine, donc elles ont embarqué Michel comme si c’était leur garçon, ça s’est fait naturellement. Elles rigolent avec lui, elles ne voient pas de différence par rapport aux autres. L’intégration s’est fait naturellement et du jour au lendemain. Même quand il est arrivé dans une période estivale où il y a beaucoup de saisonniers, qui changeaient entre juillet et aout. Et malgré ces changements Michel s’est très bien adapté. Des fois entre eux ils se chamaillent mais toujours dans la rigolade.
Michel KANA : Il y a toujours une ligne à respecter pour ne pas aller trop loin et respecter l’autre.
Olivier VOGT : Ils ont remarqué que Michel est très énergique, donc ils lui font faire des tâches pour se dépenser. Mais ils n’arrivent pas à l’épuiser.
Michel KANA : Je ne suis jamais fatiguer, ils n’arrivent pas à me suivre (rires) !
Quel est le rôle du référent ?
Olivier VOGT : Je suis le référent de Michel au quotidien mais Michel sait ce qu’il a à faire. Au sein de mes équipes j’ai également une personne qui sans être responsable va orienter ses missions quotidiennes. Si Michel a un souci, il vient me voir, il l’a bien compris. Des petites bricoles. L’autre jour il a cassé un sécateur il est venu m’en parler naturellement. Le principal c’est de communiquer. On a une facilité à échanger car on se connait depuis longtemps avec Michel. Il sait quand on rigole et quand il faut être sérieux, que ça booste et c’est aussi agréable.
Michel KANA : Moi je suis à l’aise. Olivier et son père m’avaient déjà vu travailler avant la mise à disposition.
Qu’est ce qui pourrait encore être amélioré dans la mise à disposition ?
Michel KANA : Moi je sais juste qu’à Noël, j’aimerais une embauche ! (rires) Après le reste, tant que ça marche, je suis le plus heureux en fait. Je n’ai plus mal au dos. J’ai pris des bras, je n’ai plus besoin d’aller faire de la salle de musculation.
Olivier VOGT : Non j’aurais du mal à dire quoi améliorer. Je trouve que le suivi qui est encore assuré par l’ESAT est très bien, cela permet de garder un contact, de continuer l’accompagnement. C’est une façon de procéder que je n’avais jamais essayé mais c’est vrai qu’avec Michel cela se passe bien. Pourquoi pas avec quelqu’un d’autre si l’opportunité se créée. Le principe de la mise à disposition est assez bien fait ! Une belle expérience.
Votre plus belle surprise, votre étonnement depuis le début de cette expérience ?
Olivier VOGT : On en a des souvenirs. Je dirai qu’on en a tous les jours, c’est bon signe ! (rires).
Michel KANA : Quand on a planté ensemble, quand j’étais encore en stage. En tout cas je n’ai pas de mauvais souvenirs.
Olivier VOGT : Oui c’était quelque chose que Michel n’avait jamais fait comme technique, il a fait ça bien et rapidement. Ce jour-là il faisait beau et oui c’’est un bon souvenir !
Est-ce que cette expérience a changé votre regard sur le milieu ordinaire / le handicap ?
Michel KANA : Au début ce n’était pas simple, j’avais déjà eu une expérience en entreprise (milieu ordinaire NDLR). C’est une expérience qui ne s’est pas très bien passée et j’ai arrêté après quelques mois. Ici je sens que ça va tenir.
Olivier VOGT : Je connaissais Michel depuis longtemps mais je ne connaissais pas vraiment son handicap. C’est vrai que cette expérience a changé ma vision. De manière simple Michel comprend parfois des choses que je prends bien plus de temps à expliquer à d’autres personnes qui sont là depuis parfois beaucoup plus longtemps et qui n’ont pas assimilé (rires) ! Communiquer avec Michel cela devient une méthode pour communiquer plus efficacement avec tout le monde en fait. Au lieu de faire, compliqué, le moyen le plus direct et le plus simple est le meilleur. Cette aventure m’a apporté des choses.
Et dans 6 mois, où serez-vous ?
Michel KANA : Ben ici ! (rires). Non je sais que cela ne dépend pas que de moi et qu’il faut voir avec Olivier aussi. En tout cas ce n’est pas que je voulais partir du Sonnenhof mais je suis bien ici !
Olivier VOGT : Si Michel continue sur cette lancée, ça ne peut que bien se passer.
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